KPOP Demon Hunters

... quand la pop devient quête intérieure

J’ai profité des vacances de la Toussaint, pour regarder avec mes neveux le film d’animation KPOP Demon Hunters. Au-delà du divertissement, ce film regorge d’images symboliques qui parlent autant aux enfants qu’aux adultes. Sous ses apparences pop et colorées, il explore la question de l’identité, de la dualité intérieure et de la puissance du collectif. 

KPOP Demon Hunters : révéler sa lumière en embrassant sa part d’ombre

L’intrigue suit trois chanteuses réputées, véritables idoles de la scène K-pop, qui cachent une autre facette de leur existence. Lorsqu’elles chantent, elles diffusent une énergie appelée Honmoon, une vibration protectrice qui met leur public à l’abri d’entités malveillantes cherchant à dérober les âmes. Leur voix devient un bouclier, un rite, un acte magique au service du vivant. 

Ce double rôle, à la fois artistes et chasseuses de démons, évoque avec poésie le passage permanent entre visibilité et secret, entre scène et coulisses, entre lumière offerte et force intime. 

Affiche du film KPOP Demon Hunters (2025). © Netflix. Utilisation à des fins d’illustration et de critique.

Rumi : héroïne de la dualité

Image tirée du film KPOP Demon Hunters (2025). © Netflix. Utilisation à des fins d’illustration et de critique.

Parmi les trois héroïnes, Rumi incarne le cœur symbolique du récit. Une part démoniaque sommeille en elle. Loin d’être condamnation ou malédiction, cette réalité devient sa force lorsqu’elle cesse de la rejeter. En accueillant et en apprivoisant cette zone d’ombre, elle gagne en puissance et en maturité. 

On retrouve cette idée dans les paroles du morceau Golden, véritable fil narratif. Au début, Rumi tente de mener deux vies séparées, comme si deux mondes incompatibles se partageaient son destin. C’est en fusionnant ces aspects qu’elle devient plus forte. Elle cesse de s’adapter aux univers extérieurs pour s’affirmer pleinement dans son identité. En embrassant qui elle est, elle devient reine. 

Un modèle pour les enfants :

Se connaître avant de vouloir plaire

Observer le film avec des enfants met en valeur toute sa portée éducative. 
Pour eux, la leçon se glisse naturellement dans l’aventure : devenir soi plutôt que plaire à un groupe. Rumi n’est jamais définie par le regard extérieur. Même face à Jinu, l’archétype du bad boy dont elle se sent proche, elle garde le cap. Sa priorité n’est pas la romance naissante, mais la rencontre avec son propre pouvoir. 

Cette focalisation sur l’identité individuelle avant la fusion amoureuse est rare dans les fictions destinées au jeune public. Elle offre un modèle intéressant, plus solide, où la quête intérieure prime sur les tentations superficelles. 

Le chant comme rituel protecteur

Image tirée du film KPOP Demon Hunters (2025). © Netflix. Utilisation à des fins d’illustration et de critique. 

Dans le film, la musique n’est pas simple divertissement. Elle agit comme rituel. L’énergie Honmoon protège, rassemble, transcende la peur. Elle aide à affronter et transformer la menace, à reconnaître les forces invisibles qui cherchent à s’approprier l’âme. 
C’est une métaphore puissante pour les enfants comme pour les adultes. 
Le chant devient un espace où l’on se connecte à ses ressources et où l’on repousse ce qui tente de nous diminuer. 

Amies, différentes, mais unies

Les trois héroïnes forment un trio complémentaire. Chacune apporte sa couleur, ses fragilités, son génie propre. Leur amitié n’efface pas leurs différences, elle les assemble. 
Cette coopération donne au film une tonalité collective précieuse. 
L’unité ne vient pas de l’effacement des singularités, mais de leur coexistence. 

Une histoire de société

Un autre élément intéressant réside dans la foule. Le public change d’idole dès que surgit un groupe mieux placé. Personne ne semble se souvenir d’hier. 
Cette amnésie culturelle évoque les dynamiques de consommation qui traversent aujourd’hui la musique, la mode, les tendances. Qui est numéro 1 devient la seule référence légitime. Le film invite doucement à sortir de cette mécanique et à retrouver un sens personnel. 

Une œuvre internationale, une vibration coréenne

Même produit par un studio américain, le film prend place en Corée du Sud. La K-pop, les cosmétiques, le cinéma, tout dans ce pays semble porter une expansion culturelle remarquable. Il devient une nouvelle source d’imaginaire et d’inspiration pour la jeune génération. 
On sent poindre un nouvel horizon, un imaginaire hors du traditionnel rêve américain. 

Ce que le film laisse dans le cœur

En discutant avec mes neveux, ils résumaient l’expérience d’un sourire en disant que ce n’était qu’un film. Bien sûr. 
Mais sous cette apparente simplicité, quelque chose s’installe. 
La possibilité d’embrasser sa dualité. 
La prise de conscience que l’art peut devenir rituel. 
L’éveil d’une autonomie intérieure. 

KPOP Demon Hunters devient ainsi plus qu’un divertissement. 
Une invitation à explorer l’ombre sans s’y perdre, à écouter sa voix intérieure, à se tenir debout dans le monde. 

La pop n’est pas toujours légère. 
Elle peut aussi être un miroir. 
  Et parfois, un guide pour grandir. 

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